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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/64

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GŒTHE ET BEETHOVEN

éclate, avec une violence inouïe, dans une lettre d’octobre 1810, dont l’objet est précisément le noble et innocent Arnim :

« — Il y a des moments, écrit-il, où ils finissent par me rendre fou. Je dois me retenir pour n’être pas grossier envers Arnim, qui m’a envoyé sa Grâfin Dolores, et que j’aime bien. Si j’avais un fils perdu, j’aimerais mieux le savoir égaré dans les bordels, et jusqu’aux bauges à cochons, plutôt qu’il se laisse prendre dans la chienlit de ces derniers temps : car je crains fort que de cet enfer, il n’y ait pas de rédemption 1. »

Que pensent de ce débordement de brutalité colérique ceux qui le voient toujours sous le masque de TOlympien ? Pour comprendre sa répulsion à l’égard de son temps, reportons-nous au nôtre, à cette crise actuelle de l’art européen, désorbité comme celui d’alors par la guerre mondiale et par les ébranlements sociaux, à ce fatras de fausse folie, de fausse raison, de fausse religion, de fausse poésie, à ce dévergondage de l’esprit, qui oscille, par battements frénétiques, de l’anarchie à la servitude, et de l’excès de la liberté à l’excès de la tyrannie ! Époque féconde, peut-être, en son incohérence et ses destructions t. « Wenn ich einen vsrlorenen Sohn hàtte, so wollte ich lieber, er hàtte sich von den Bordellen bis zum Schweinkoben verirrt, al» dans er in den Narremvust dieser letzten Tage sich verfinge ; denn ith fürchte sehr, ans dieser Hôlle’st kein» Erlôsung » (Lettre 4 von Reinhard, citée par Bergemannp