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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/78

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GŒTHE ET BEETHOVEN

son mariage scandaleux. Goethe, forcé de prendre le parti de sa femme, ferme sa porte aux Arnim 1. Au fond, il n’en était pas fâché ! C’était, avec eux, la folie romantique qu’il congédiait de chez lui. Maintenant, ce sera la paix. La paix, avec les Zelter, les Riemer, les Meyer, la paix dans l’ordre du passé. Arnim, écrivant à Grimm, à la fin de septembre, dit : — « Vous ne pouvez pas vous figurer Vincroyable entourage où il vit, séparé par sa femme du reste de la société !... Et sa peur du nouveau, du désordre (Unordnung) en art ! C’en est presque risible. De tout ce qui est nouveau, il dit : « Oui, ce sont de bonnes farces (recht gute Spâsse), mais cela n’est pas pour moi ! (aber sie gehen mich nicht mehr an). » « On dirait, ajoute Arnim, que de travailler à son autobiographie, (qu’il vient d’entreprendre depuis un an) l’a brusquement rendu vieux, de pensée. » La miraculeuse élasticité du génie de Goethe lui devait faire retrouver une nouvelle fontaine de Jouvence ; le frais et brûlant printemps charnel du West-ôstlicher Divan allait le démontrer, en attendant l’essor vertigineux du dernier Faust et le chant immortel du veilleur Lynceus, dont les 1. Bettinas Leben und, Briefwechsel mit Gœthe, publié par Fritz Eorgemann, 1927.