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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/79

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GŒTHE ET BEETHOVEN

yeux, « les yeux heureux », ne se ferment jamais1. Mais chacune de ces périodes de renouvellement est précédée d’une plongée apparente, où il paraît s’enliser sans espoir. Le grand connaisseur de soi a besoin, dans ces moments, de faire le vide autour. Il l’a, ce vide, il le goûte, à souhait, dans la médiocrité bien pensante de ses famuli fidèles, et dan* la nullité d’esprit de sa bonne femme, riante ménagère, fraîche, propre et vulgaire ; Mais c’est là un repos, un confort, chèrement acheté, pour un Gœthe ! Et ceux qui persistent à voir en lui « le suprême artiste de la vie », ne se doutent point de la misère cachée de cette vie domestique, de tous les compromis, des affronts acceptés, des amertumes ravalées, et, quand il est à bout, de ces fuites, pendant des mois, hors du foyer... Non ! le « suprême artiste » ne l’a été que dans son art ; et, vue de près, sa vie inspire moins d’envie que de pitié 1. 1 « Zum Sehen geboren, Zum Schauen bestellt Gefallt mir die Welt.

  • ••••••• 2

Ihr glücklichen Augen Was je ihr gesehen, Es sei wie es wolle, Es war doch so schôn ! » (mai 1831 — donc écrit en sa quatre-vingt-deuxième année !) 1. Christiane n’est pas en cause. Elle fut ce qu’elle était : simple, loyale et franche. Sa correspondance récemment publiée 1b