Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
BEETHOVEN

tige, la bouche a un goût d’amertume ; des battements de cœur : l’affection est en rapports avec celle de l’an passé (Gichtischer : est-ce de la goutte qu’il s’agit ?) Le malade doit s’en tenir à la diète prescrite, précédemment. Pas de vin, surtout pas de café — (Beethoven en était gourmand, il le préparait lui-même, religieusement, et se vantait d’y être expert) : — le café a une action mauvaise sur son organisme, et particulièrement sur l’intestin ; c’est un excitant nerveux, et Beethoven souffre déjà d’une beaucoup trop grande activité des centres nerveux ; qu’il le remplace par le chocolat, des flocons de riz et d’orge, des potages non épicés !… Et que, sur les reins, il s’oblige à porter de la flanelle ! — Beethoven se soumet docilement ; et il en rend compte, en petit garçon reconnaissant et respectueux, à son médecin. Il a une telle envie de guérir, pour achever son quatuor ! — (Il est probable que ce sont déjà les premières annonces de la maladie de foie, qui le reprendra, à la fin de l’année et l’emportera…) — Le mal insidieux traîne, deux à trois mois. En février-mars, Beethoven subit une dépression morale, qui se traduit par un manque de volonté ; il n’arrive pas à se décider sur les questions (concerts, voyages), qu’on lui soumet. Et, le seul quatuor excepté, tout autre ouvrage, ou projet d’ouvrage, est abandonné. — Au cours de mars, il se remet lentement ; il recommence à prendre quelque intérêt à ce qui se passe dans le monde. Et naturellement, en premier lieu, aux événements musicaux. Le plus important, pour lui, est, le 21 mars, la première exécution publique du quatuor en si bémol majeur par son « Leibquartett » (sa « garde du corps », Schuppanzigh et ses trabans). Tout ce qui est à Vienne, de musiciens et d’amateurs, assiste à l’audition. Et l’on bisse les 2e et 4e morceaux (le scherzo presto et l’alle-