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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/251

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LES DERNIERS QUATUORS

mande). La cavatine émeut. Mais on se heurte au mur de la grande fugue. Nul ne comprend. Les plus respectueux disent qu’il faudra la réentendre plus d’une fois ; les autres, que le seul remède est de la supprimer. Talonné par ses amis et les éditeurs, — nous l’avons vu, à la fin du chapitre précédent, — Beethoven se décidera, en avril, à la faire réduire à quatre mains pour le piano, par un de ses fidèles, A. Halm, car il ne se sent pas encore le goût ou la force de s’en charger lui-même. Mais c’est pourtant ce qu’il fera, quelques semaines après, lorsque, les forces revenues, il revisera le travail studieux et sage, trop sage, de Halm, et en montrera son mécontentement. — Il a recommencé, le 6 avril, à écrire à Schott, pour lui parler du quatuor qu’il a en chantier ; et il lui récrit, le 20 mai : — « La dernière fois (que je vous écrivais), le quatuor n’était pas encore achevé ; maintenant, c’est fait, il est terminé. » — On voit que la maladie ne l’a pas beaucoup retardé. Mais elle a dû l’imprégner de certaines ombres.

Bien qu’il ait mis le point final, il garde l’œuvre sur le métier encore deux mois, pour la polir et la repolir. Nous verrons plus loin, par un exemple fameux (ou qui devrait l’être) — les 15 variantes pour les quatre dernières mesures de l’admirable andante[1] — le scrupule inouï du ciseleur, dans son besoin éternellement insatisfait de perfection.

Enfin, le 12 juillet[2], le quatuor est prêt et envoyé… Gi’âce à Dieu ! — Quinze jours après, le malheur fond sur lui. Le 30 juillet (d’après la chronologie établie par Thayer), son fils adoptif, le neveu Charles se suicide ! Dans la

  1. Nottebohm, I, pp. 54-59.
  2. Lettre à Schott.