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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/252

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BEETHOVEN

lettre même du 19 août, où Beethoven rassurera son éditeur sur la parfaite authenticité (Echtheit) du quatuor qu’il lui a livré, il lui apprendra le grand malheur (Unglücksfall), qui l’a frappé. — L’œuvre a échappé de justesse à ces remous catastrophiques.



Notre seul moyen de contrôle pour le travail du quatuor en ut dièze mineur nous est fourni par trois Cahiers d’esquisses, qui, des mains de Schindler, sont passés à la Kön. Bibl. de Berlin et que Nottebohm a analysés, trop brièvement pour notre goût[1]. L’intérêt de ces trop courtes notes nous fait d’autant plus regretter qu’elles ne soient pas complètes.

C’est une fugue qui ouvre le quatuor, comme c’était une fugue qui fermait le quatuor précédent. La dilection du vieux Beethoven pour cette forme étonnait bien ses amis et ses interprètes qui, comme Holz, ne la partageaient pas. On a cherché à l’expliquer[2], par sa tendance à s’évader de la tyrannie de la période mélodique avec ses césures et ses arrêts trop mécaniques, comme notre vers classique alexandrin, dont son esprit avait trop pris le pli. D’où sa recherche, par divers moyens, de la mélodie continue — on eût dit, depuis : « infinie », — par le mouvement polyphonique, qui

  1. Nottebohm, II, pp. 7-11.
  2. Paul Mies. Die Bedeutung der Skizzen Beethovens zur Erkenntnis seines Stiles, pp. 100 et suiv.