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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/257

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LES DERNIERS QUATUORS

tantôt la plainte, dont le cri (de la 4e note) fléchit en une descente de deux noires liées et p., au lieu d’une blanche pointée et sf. (mesure 24), — tantôt la résignation, qui se laisse entraîner dans l’exaltation de la douleur en révolte (mesure 99 et suiv., où monte la vague de souffrance, sur le grondement, à la basse, des deux motifs accouplés, dont le reproche est appesanti par l’allongement des valeurs (des blanches et noires en rondes et blanches). — C’est l’Amfortas qui domine. Son agitation et sa souffrance rompent le cours égal de la méditation (mes. 103-113). Après deux cris ultimes, où le d’en haut du premier violon sf. heurte rudement le si dièze de la basse, en un accord qui se prolonge, sur le mouvement enchevêtré du motif initial, la douleur brisée s’engloutit dans le sépulcre d’un sombre accord, longuement tenu, de dominante (ut dièze, sol dièze, mi, ut diéze, sol dièze), comme cdui qui scelle la dalle du tombeau, dans le Credo de la Missa Solemnis. Lentement, l’accord s’éteint entre les voûtes. Et, sur le point d’être soufflée, dernière flamme de vie, l’ut dièze monte d’une octave, et ses vibrations vacillent dans l’espace… Attente et nuit…

Dans le silence immobile, comme un murmure imperceptible, se déclenche, glissant d’un demi-ton au-dessus, de l’ut dièze au , le même mouvement d’octave répétée… Et tout est changé ! Le second morceau est commencé…