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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/279

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LES DERNIERS QUATUORS

tion désespérée. Il est tout cela, successivement, — je dirais presque, simultanément, s’il n’était tout entier dans chaque sentiment ; — mais ils couvent tous, prêts à bruire, en s’épanchant des grandes orgues du subconscient. — Remarquons seulement qu’au rebours de ce que la sentimentalité se plaît à croire, en cette fin de vie, ce n’est point la peine qui domine ; il a des réserves de grosse joie, malgré tout ; il en aura peut-être plus en cette dernière année que dans celles qui ont précédé, par la vertu de son étonnante élasticité : nous en verrons des traits inattendus, au lendemain de la catastrophe d’été 1826.

Pour le moment, laissons-nous prendre, sans ratiociner, par l’émouvante Méditation de l’Adagio quasi un poco Andante ! Il respire une grande douleur. Le vieux homme se retrouve seul, enfermé, et accablé. Le beau lamento de l’alto, repris par le premier violon, avec un imperceptible et poignant glissement du la dièze en la naturel, se répand dans toutes les parties, comme si tout l’être en était pénétré ; en se répondant, elles en accroissent l’intensité ; mais la plainte, lasse, toujours retombe du sf. au dimin., du cresc. au p. Aux dernières mesures de cette brève lamentation, l’âme fait un grand effort pour se soulever, dans une sorte d’espérance désespérée.

[partition à transcrire]

Elle est retombée au plus bas, elle recueille ses forces épuisées, dans le silence…