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LE BUISSON ARDENT

tout ce qu’il dit et fait, tu n’oublies jamais rien.

— Hélas ! fit Olivier.

— Recommence, alors.

— Cela me fatigue. À quoi bon ?

Christophe était fâché.

— Ce n’est pas bien, dit-il. À quoi te sert ta pensée ? Ce que tu as, tu le jettes. C’est perdu pour jamais.

— Rien n’est perdu, dit Olivier.

Le petit bossu sortit de l’immobilité où il était resté pendant le récit d’Olivier, — tourné vers la fenêtre, les yeux vagues, la figure froncée, l’air hostile, sans qu’on pût deviner ce qu’il pensait. Il se leva et dit :

— Il fera beau, demain.

— Je parie, dit Christophe à Olivier, qu’il n’a même pas écouté.

— Demain, le premier Mai, continua Emmanuel, dont la figure maussade s’illuminait.

— C’est son histoire, à lui, dit Olivier. Tu me la conteras demain.

— Balivernes ! dit Christophe.