Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/182

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Ils n’existent pas plus que cette poussière. On en est quitte, après, pour brosser ses souliers, en crachant sur le cuir, pour mieux le nettoyer… Mais ceux à qui on tient ? Ceux dont notre cœur a faim ?…

Marc avait entamé sa dix-huitième année ; et depuis quelques mois, ses pas avaient croisé l’ombre d’or de l’amour. Un tendre sentiment s’était insinué dans ce jeune cœur entier et orageux. Il avait cru s’éprendre de la sœur d’un ami d’études, qu’il avait rencontrée quelquefois, dans la rue, avec son frère, puis seule ; tous deux avaient guidé le hasard, pour croiser leurs chemins ; l’attrait était réciproque. Marc était allé voir l’ami dans sa maison. Mais jamais il n’en reçut une invitation. Il n’en eût peut-être pas aussi vivement senti l’affront, si l’ami ne la lui avait étourdiment fait attendre. Depuis, l’embarras du frère, son empressement maladroit à éviter Marc, avaient accusé le caractère injurieux de l’oubli voulu. La famille entendait tenir l’indésirable à distance. Cette cuisante blessure fit découvrir à Marc — inventer, peut-être. — d’autres dédains, dont il ne s’était pas soucié. Il s’aperçut qu’il n’avait jamais été admis dans tels