Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/195

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Poincaré le chicaneau — une radieuse constellation. Inoubliable époque de l’Union Sacrée, — trop tôt passée ! — où les chefs politiques de tous les partis, et même sans parti, comme les frères Aymon, enfourchaient la même croupe du vieux cheval de labour et de combat, La France résolus à tenir jusqu’à ce que la bête gagnât, ou qu’elle crevât.

La carrière de Brissot avait été sans nuages — si l’on excepte ceux que des rivaux envieux essayèrent de jeter sur son passé oratoire, entaché de quelques fougueuses envolées, certes un peu imprudentes, vers l’empyrée du pacifisme international. Mais qui parle toujours, il est fatal qu’il parle de tout ; et l’on ne peut exiger que chacune de ses paroles le lie : il serait écartelé plus qu’à quatre chevaux. Et puis, le pacifisme est, comme son nom l’indique, une potion dont l’usage anodin est licite, en temps de paix, — prohibé seulement quand la guerre a sonné : car ce n’est qu’alors qu’il serait efficace. C’est ce que le grand orateur n’eut point de peine à démontrer, — sauf à ces ennemis sans foi, que rien ne peut convaincre, même le zèle ardent que Brissot, Cornélien, mit à dénoncer ses compagnons d’hier, entêtés paci-