Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/197

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sans cesse, et elle n’admirait rien, même pas les talents et la gloire de son mari. Elle avait ce don funeste et, sans doute, maladif, de ne jamais retenir d’une vie riche en avantages que les désagréments. Elle récriminait. Contre tout. Contre tous. C’était, en quelque sorte, sa mission dans la vie. Au reste, elle ne faisait rien pour changer rien à rien. Elle répandait sur tout sa brume poissante et maussade, comme une pluie d’octobre. Tous ceux qui l’approchaient en restaient enrhumés. — On peut croire que ce climat ne convenait point au robuste Roger Brissot. Il y réduisit ses séjours au strict nécessaire ; et il s’en échappait, avec de vigoureux éternuements. Il allait trouver des climats plus heureux ; et le bruit de ses succès n’ajoutait pas peu à la nuée chagrine de la maison.

Cependant ses extras n’avaient point empêché que cet homme de devoir ne rendît ponctuellement à l’épouse son dû. Ce ne fut point sa faute si la parcimonieuse ne lui accorda qu’une fille. Brissot la chérissait. L’enfant, plaisante, riante, saine, aux joues pleines, aux yeux heureux, — mourut. Subitement. Des suites d’une opération sans danger, ou, plutôt, de l’anesthésie dont elle ne se réveilla point. Elle avait treize ans. Le ménage