Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/229

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— Le nôtre. Part à deux !

— Dis-moi par quels moyens ?

— Il y en a mille.

— J’en demande un.

— Nous ne manquons pas d’amis… Ton Philippe Villard[1]… Le voilà chirurgien-major, inspecteur général d’armée !… Il n’aura pas de peine à le mettre à l’abri.

— Tu ne penses pas que j’irais le lui demander ?

— Et pourquoi pas ? La démarche te coûte ? Orgueilleuse ! J’en ferais bien d’autres, moi !… Si c’était nécessaire, pour sauver mon garçon, tu crois que j’hésiterais à me donner aux passants ?

— Aucun orgueil, injuste ou juste, dit Annette, que je ne sois prête à fouler aux pieds pour mon fils !… Mais pour mon fils, pour son bien.

— Est-ce que ce n’est pas son bien ?

— Son bien n’est pas que je me déshonore. Car moi, c’est lui. Il ne me le pardonnerait pas. Et je ne me pardonnerais pas de faire une démarche qui l’humiliât.

— Est-ce l’humilier que le sauver ?

— Si l’on me sauvait ainsi, je serais humiliée.

  1. L’Âme Enchantée : L’Été.