Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/232

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mais des cendres le noyau dur, serré, l’incorruptible, était dégagé.

À son épreuve il avait soumis toutes les pensées qui assiégeaient son cerveau d’adolescent, trop tôt mûri : celles de ses livres, de ses philosophes, des maîtres de chœur de sa génération. Bien peu, bien mal, avaient résisté. Il n’en restait pas quatre pincées. Tout était mots. Rien n’était chair. Aucun de ces Verbes ne s’incarnait. Hors un, de fer fondu et martiné, produit de l’âge des machines, qui faisait de l’humanité, une autre machine sans liberté, où l’une classe écrase l’autre, aveuglément, comme un pilon. Nul acte libre. Nul acte d’âme. Nulle âme libre qui passe à l’acte. Nulle volonté qui se dégage de la pensée-nuée et de la masse agglomérée de la matière en mouvement, — comme l’éclair.

Mais le feu court sous la nuée, et sous l’écorce refroidie, dans l’air, dans la terre, et dans l’eau…

Un soir, il prit son Haendel. (Les Livres Saints, il les lisait à travers lui). Dans Israël, il lut le mot :

« Er sprach das Wort… »

Il l’entendit.