Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

piliers massifs s’étaient brusquement écroulés : Stinnes, Timon, Lœwenstein… Ceux qui restaient, les plus puissants, devaient faire bloc. Assia avait assisté aux tentatives pour grouper les gros cartels industriels et les fascismes franco-allemands. D’autres tentacules se tâtaient par-dessous les mers, entre pays anglo-saxons, British Empire et U. S. A., pour recoller l’Oktopus ; elles engluaient les bravi à vendre et les fascismes à tout faire de l’Italie et des Balkans. Une nuée d’espions et d’agents provocateurs grouillaient, comme des mouches vertes, dans tous les coins. La France entretenait, sur son sol même, une armée Blanche de mercenaires, — chair à mitraille, toute prête à être lancée, à tout moment, ici ou là, à l’intérieur ou au dehors. Et entre Paris, Londres et Moscou, par Prague, Riga et Varsovie, c’était un va-et-vient d’agents secrets, qui s’insinuaient dans l’U. R. S. S., pour désorganiser, pour saboter les travaux, pour fomenter des soulèvements, pour bétonner la route aux chars d’assaut de l’Invasion, que sottement cocoricotait, six mois d’avance, la jactance des généraux blancs et du roi du pétrole hollandais.

Le « libéralisme » d’Occident laissait faire. Et les rancunes des socialismes, ulcérés par les polémiques sans ménagements des vociférateurs communistes, feignaient de ne rien savoir. Une surdité opportune les dispensait d’intervenir. Il fallait pourtant les forcer à entendre ! Et eux aussi, ces intellectuels des partis de gauche, gras et quiets, qui ne voulaient point avoir l’air de se désintéresser de regorgement d’un monde nouveau, mais qui voulaient encore moins se compromettre pour sa défense. Ils étaient sourds et faisaient : « Bée ! » comme le berger de Maître Pathelin.

— « Attends un peu ! Je vas te secouer ! Le