Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/196

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hululement des S. O. S. finira bien par te percer le tympan… »

Mais où installer l’instrument ?

Marc fut des premiers à organiser en France, avec quelques braves garçons qui ne craignaient point de risquer — (ils avaient tout à perdre, rien à gagner) — des groupements de combat pour la défense de l’U. R. S. S. Assia n’avait rien fait pour l’y pousser. Rien que d’être, et d’être aimée. Car il lui prenait sa pensée, comme l’odeur de ses vêtements. Entre deux compagnons de nuitées, la pensée qui a besoin, pour être prise, d’être exprimée, est une fleur sans parfum. Chaud s’exhalait du jardin de Assia son parfum d’acacia. Elle était trop rusée, pour laisser Marc s’apercevoir qu’il emportait, aux poils du corps, l’odeur de sa pensée. Elle avait l’air de suivre Marc. — Et somme toute, les deux suivaient la piste, qui les menait à leur vrai but, à l’action juste qui est la maturité de toute vie pleine. C’était leur ligne propre de développement. Elle s’ajustait à celle de l’époque en marche vers la Révolution nécessaire. Quand se font les grands plissements de la terre, les petits ruisseaux suivent la même pente que les rivières, et tous ensemble mêlent leurs eaux. Annette même, qui, par son âge et son travail de pensée, était arrivée au bas de la pente, où le courant s’apaise, participait à la même marche et, reflétant un ciel plus calme, se rendait dans la même direction.

Marc adjoignit à l’atelier de reliure de son vieux patron, et avec son aide, une petite imprimerie, d’où sortaient irrégulièrement des brochures d’éveil et de combat social, des traductions de Marx, Lénine, des maîtres de l’action internationale, des cahiers de documentation, et des appels ou des pamphlets, qu’il rédigeait. Assia était, naturellement, sa traductrice du