Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/230

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— « Je ne puis pas donner ce qui ne m’appartient pas, ce à quoi j’appartiens : — la vérité. »

Il ne le dit pas : à quoi bon faire une peine de plus, inutile ? — Mais il la fit. Le vieillard lut ce qu’il ne disait pas. Les pesantes paupières retombèrent, et la grosse tête s’inclina sur la poitrine. Après avoir repris le souffle, un moment, le patriarche, accablé, se leva péniblement de sa chaise, en s’étayant de ses deux poings sur la table. Julien s’empressait, pour l’aider ; mais d’un geste gauche d’homme ankylosé, sans le regarder, le maître l’écarta. Et il partit, sans se retourner, faisant craquer sous ses lourds pieds le plancher, baissant le front, voûtant le dos. Il était blessé à mort.