Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/92

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— « Je ne monte pas. Je suis lasse. Bonsoir, mon petit. »

— « Bonsoir, maman, »

Il prit Vania par la main, et rentra.

Il fallut expliquer à l’enfant que sa mère ne reviendrait pas, ce soir : elle s’absentait pour un certain temps. Vania, curieux, posait des questions. Quand on le croyait satisfait, à brûle-pourpoint il en posait d’autres, qui prenaient Marc au dépourvu. Et l’on devait surveiller tous ses mots : car si, par oubli, on se contredisait, il vous rappelait ce que vous aviez dit. Marc eut aussi beaucoup à faire, de s’occuper de son souper et de son coucher. Maladroitement, il déshabilla le petit bonhomme, qui lui disait, d’un ton de supériorité :

— « Mais non, papa, pas comme ça ! Tu ne sais pas… »

Et il lui rappelait les rites consacrés, et du laver et du reste. Ces petits tracas servaient du moins à distraire Marc de sa douleur. Et quant à Vania, il était enchanté de cette nouveauté. On était les deux hommes ensemble, au logis, seuls. C’était une situation intéressante.

Le lendemain, Marc lui fit promettre de ne point parler à la grand’mère de l’absence de Assia. Il lui disait que son voyage était un secret ; et les questions de Vania, qui ne se contentait pas d’explications vagues, lui donnèrent à travailler. Il s’embrouillait. Vania vit très bien qu’il mentait : on lui cachait quelque chose ; mais il n’en dit rien ; comme un petit chien, il pointa le nez et les oreilles ; très intrigué par ce mystère, sans en avoir l’air, il fureta. Mais il tint parole, il n’en parla pas à Annette, il fit comme son père : il mentit ; il eut même le toupet de raconter que sa mère allait très bien et qu’elle faisait et ci et ça ; il était con-