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profession de foi du vicaire savoyard

Dans la juste défiance de moi-même, la seule chose que je lui demande, ou plutôt que j’attends de sa justice, est de redresser mon erreur si je m’égare et si cette erreur m’est dangereuse. Pour être de bonne foi, je ne me crois pas infaillible : mes opinions qui me semblent les plus vraies sont peut-être autant de mensonges ; car quel homme ne tient pas aux siennes, et combien d’hommes sont d’accord en tout ? L’illusion qui m’abuse a beau me venir de moi, c’est lui seul qui m’en peut guérir. J’ai fait ce que j’ai pu pour atteindre à la vérité ; mais sa source est trop élevée.

Vous ne voyez dans mon exposé que la religion naturelle : il est bien étrange qu’il en faille une autre !

…Ne confondons point le cérémonial de la religion avec la religion. Le culte que Dieu demande est celui du cœur ; et celui-là, quand il est sincère, est toujours uniforme… Dieu veut être adoré en esprit et en vérité : ce devoir est de toutes les religions, de tous les pays, de tous les hommes. Quant au culte extérieur, s’il doit être uniforme pour le bon ordre, c’est purement une affaire de police ; il ne faut point de révélation pour cela.

Cherchons-nous donc sincèrement la vérité ? ne donnons rien au droit de naissance et à l’autorité des pères et des pasteurs, mais rappelons à l’examen de la conscience et de la raison tout ce qu’ils nous ont appris dès notre