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jean-jacques rousseau


Il est né, le 28 juin 1712, dans cette étonnante « ville et république de Genève », foyer de la religion évangélique réformée, dont l’existence même était un paradoxe, entre les grands Etats monarchiques et catholiques qui l’enserraient et la pénétraient.

Jean-Jacques est fier de son origine, et il en reste, toute sa vie, profondément marqué. Il signe : « Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève », et il revendique sa qualité de « citoyen d’un Etat libre, et membre du souverain ». Il dédie « à la République de Genève » son « Discours sur l’origine de l’inégalité ». Jalousement il veille à la défense de « sa patrie », malgré l’ingratitude qu’elle lui témoigne et les persécutions dont il est l’objet. Il ne tarit jamais dans son apologie de cette ville de travail et de ses mœurs républicaines. Il lui témoigne un amour passionné et sa douleur de vivre loin d’elle. « Jean-Jacques, aime ton pays ! » lui disait son père, quand il était enfant. « Tu es Genevois ; tu verras un jour d’autres peuples, tu ne trouveras jamais le pareil au tien. » Il n’a pas oublié cette recommandation. Il est « heureux, toutes les fois qu’il médite sur les gouvernements, de trouver toujours dans ses recherches de nouvelles raisons d’aimer celui