Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/113

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pour moi n’est plus dans son cœur, la première ! Elle n’en conviendrait jamais…

Comme c’est drôle, la vie !

Elle avait un sourire doux, triste et malicieux. Sur ses mains appuyées sur la table, Pierre posa tendrement la main, et resta immobile.

— On est de pauvres êtres, dit-il.

Luce, après un moment :

— Nous, comme on est tranquilles !… Les autres, ils ont la fièvre. La guerre. Les usines. On se hâte. On se hâte. Travailler, vivre, jouir…

— Oui, dit Pierre, l’heure est brève.

— Raison de plus pour ne pas courir ! dit Luce. On est trop tôt au bout. Marchons à petits pas.

— Mais c’est elle qui court, dit Pierre. Tenons-la bien.