Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

puis la guerre, lui avaient appris l’insouciance du lendemain. Ajoutez qu’à cette libre petite Française toute préoccupation de l’au-delà était étrangère. La vie lui suffisait. Luce la trouvait jolie ; mais cela tient à un fil, et il s’en faut de si peu que le fil casse que ce n’est vraiment pas la peine de se tourmenter pour ce qui arrivera demain. Mes yeux, buvez le jour qui vous baigne en passant ! Et quant à ce qui viendra après, mon cœur, abandonne-toi, confiant, au courant !… Puisqu’on ne peut faire autrement !… Et maintenant qu’on s’aime, n’est-ce pas délicieux ? Luce savait bien qu’il n’y en aurait pas pour longtemps. Mais, sa vie, elle non plus, ne serait pas pour longtemps…

Elle ne ressemblait guère à ce petit garçon qui l’aimait, qu’elle aimait, tendre, ar-