Page:Rolland Clerambault.djvu/69

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Les premières lettres de Maxime furent un réconfort, un cordial dont une goutte dissipait les découragements. On en vivait, dans les longs intervalles qui espaçaient les nouvelles. Malgré l’angoisse de ces silences, où chaque seconde pouvait être fatale à l’être aimé, sa confiance (que peut-être il exagérait, par affection pour les siens, ou par superstition) se communiquait à tous. Ses lettres débordaient de jeunesse, de joie exubérante, qui atteignit sa cime, dans les jours qui suivirent la victoire de la Marne. Toute la famille était tendue vers lui. Elle était un seul corps, une plante dont le faîte est baigné dans la lumière, et qui monte vers lui, en un frémissement d’adoration mystique…

L’extraordinaire lumière où s’épanouissaient les âmes, hier encore douillettes et engourdies, que le destin jetait dans le cercle infernal de la guerre ! Lumière de la mort, du jeu avec la mort ! Maxime, ce grand enfant gâté, délicat, dégoûté, qui, en temps ordinaire, se soignait comme une petite maîtresse trouvait une