Page:Rolland Handel.djvu/185

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cuter par un si grand nombre de voix et d’instruments qu’on n’avait jamais rien entendu de tel, avant, sur le théâtre. Il pensait ainsi rivaliser, non seulement avec le dieu des musiciens, mais encore avec les autres dieux, comme Éole, Neptune et Jupiter : car tantôt j’attendais que la maison fût renversée par sa tempête, tantôt que la mer engloutît les banquettes. Mais plus insupportable que tout était son tonnerre. Jamais le terrible grondement ne sortira de ma tête[1]… »

Ainsi Gœthe, irrité et saisi, disait, après avoir entendu le premier morceau de la Symphonie en ut mineur de Beethoven : « C’est insensé ! On dirait que la maison va s’écrouler ! »

Ce n’est pas au hasard que je rapproche les noms de Hændel et de Beethoven. Hændel est une sorte de Beethoven enchaîné. Il a l’air impassible, comme les grands artistes italiens qui l’entourent : les Porpora, les Hasse ; et pourtant entre eux et lui, il y a un monde[2]. Sous l'idéal

  1. Extrait d’une brochure, parue en 1751, à Londres, sur « l’Art de composer de la musique d’après une façon tout à fait nouvelle, adaptée même aux capacités les plus faibles ».

    Déjà, Pope en 1742 comparait Hændel à Briarée. Dès l’époque de Rinaldo (1711), Addison reprochait à Hændel de se délecter dans le bruit.

  2. « … Vous refusez de vous soumettre aux règles, lui dit Hurlothrumbo-Johnson dans un pamphlet fameux du Dr Arbuthnot, vous refusez de laisser serrer votre génie par elles… O toi, Goth et Vandale !… Nous pourrions aussi bien apporter des rossignols et des oiseaux des Canaries derrière la scène