Page:Rolland Handel.djvu/187

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jugée froidement, mais pour être servie toute bouillante au public. C’étaient de libres esquisses, dont la forme n’était jamais complètement arrêtée, mais restait toujours mouvante et vivante, se modifiant au concert suivant les deux sensibilités mises en présence : celle de l’artiste et celle du public[1]. Il faudrait donc tâcher de leur conserver, dans une certaine mesure, ce caractère d’improvisations vivantes. Or, ce qu’on nous offre, au contraire, ce sont des pétrifications. On ne peut même pas dire qu’elles soient une caricature de l’œuvre de Hændel : elles en sont la négation. Quand vous auriez étudié avec un soin minutieux chaque détail de l’ouvrage, obtenu de votre orchestre une précision d’ensemble, une justesse, un fini irréprochables, vous n’aurez rien fait, tant que vous n’aurez pas fait surgir de l’œuvre la figure du génial improvisateur.

De plus, il en est de cette musique instrumentale comme de la musique vocale de Hændel : presque toujours, elle est une expression, intime

    les fautes.) — Il est assez remarquable que, malgré le très grand succès qui accueillit en Europe son premier recueil pour le clavecin, Hændel ne chercha pas à en publier d’autres.

  1. Tous les contemporains sont d’accord pour célébrer le génie de Hændel à s’adapter, d’instinct, dans ses improvisations, à l’âme de ses auditeurs. Comme les très grands virtuoses, il se sentait aussitôt en communion d’esprit avec son public ; et, pour ainsi dire, ils collaboraient ensemble.