Page:Rolland Handel.djvu/188

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ou pittoresque. Pour Hændel, comme pour son ami Geminiani, « le but de la musique instrumentale n’était pas seulement de réjouir l’oreille, mais d’exprimer des sentiments, des émotions, et de peindre des passions[1] ». Elle ne réfléchit pas seulement le monde intérieur, elle est aussi tournée vers le spectacle des choses[2]. Elle est une poésie précise ; et si l’on parvenait à démêler les notations qui en ont fourni les éléments inspirateurs, on retrouverait dans telle de ces œuvres instrumentales, le souvenir de journées, de paysages, de scènes vues ou vécues par Hændel. Il en est qui sont visiblement inspirées de la nature[3]. D’autres ont une parenté avec des œuvres vocales et dramatiques. Plusieurs des fugues héroïques du quatrième recueil des Clavierstücke, parues en 1735, ont été reprises par Hændel et

  1. Préface de Geminiani à son École de violon, ou The Art of Playing on the Violon. Containing All the Rules necessary to attain to a Perfection on that Instrument, with great variety of Compositions, which will also be very useful to those who study the violoncello, harpsichord, etc. Composed by F. Geminiani opera IX. London, MDCCLI.
  2. Geminiani lui-même avait entrepris de représenter en musique les tableaux de Raphaël et les poésies du Tasse.
  3. Ainsi, l’allegro du premier concerto d’orgue (du second recueil, publié en 1740), avec son charmant dialogue du rossignol et du coucou, — ou le premier morceau du second concerto d’orgue (du même recueil), — ou plusieurs Concerti grossi. (Voir plus loin.)