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la vie de Michel-Ange

sant à Florence, comme généralissime. Michel-Ange se crut perdu.

J’étais cependant résolu,

écrit-il,

J’étais cependant résolu, à attendre sans crainte la fin de la guerre. Mais le mardi matin, 21 septembre, quelqu’un vint hors la porte San Niccolò, où j’étais aux bastions ; et il me dit à l’oreille que si je voulais sauver ma vie, je ne pouvais rester plus longtemps à Florence. Il vint avec moi à ma maison, il mangea avec moi, il m’amena des chevaux, et il ne me quitta plus qu’il ne m’eût vu hors de Florence.[1]

Varchi, complétant ces renseignements, ajoute que Michel-Ange « fit coudre 12.000 florins d’or en trois chemises piquées en forme de jupons, et qu’il s’enfuit de Florence, non sans difficulté, par la porte de la Justice qui était la moins gardée, avec Rinaldo Corsini et son élève Antonio Mini ».

« Si c’était Dieu ou le diable qui me poussait, je ne sais pas », écrit Michel-Ange, quelques jours après.

C’était son démon habituel de terreur démente. Dans quel effroi devait-il être, s’il est vrai, comme on le rapporte, que sur le chemin, à Castelnuovo, s’arrêtant chez l’ancien gonfalonier Capponi, il lui communiqua par ses récits un tel saisissement, que le vieillard en mourut quelques jours après ![2]

Le 23 septembre, Michel-Ange était à Ferrare. Dans sa fièvre, il refusa l’hospitalité que le duc lui offrait au

  1. Lettre de Michel-Ange à Battista della Palla. (25 septembre 1529)
  2. Segni.
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