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la vie de Michel-Ange

et l’Empereur remit la ville au commissaire du pape, Baccio Valori. Alors les exécutions commencèrent. Les premiers jours, rien n’arrêta la vengeance des vainqueurs ; les meilleurs amis de Michel-Ange, — Battista della Palla, — furent des premiers frappés. Michel-Ange se cacha, dit-on, dans le clocher de San Niccolò-oltr’Arno. Il avait de justes raisons de craindre : le bruit s’était répandu qu’il avait voulu démolir le palais des Médicis. Mais Clément VII n’avait point perdu son affection pour lui. À en croire Sébastien del Piombo, il s’était montré fort attristé par ce qu’il apprenait de Michel-Ange, pendant le siège ; mais il se contentait de hausser les épaules et de dire : « Michel-Ange a tort ; je ne lui ai jamais fait de mal. »[1] Aussitôt que la première colère des prescripteurs fut tombée, Clément VII écrivit à Florence ; il enjoignait de chercher Michel-Ange, ajoutant que s’il voulait continuer à travailler aux tombeaux des Médicis, il devait être traité avec tous les égards qu’il méritait.[2]

Michel-Ange sortit de sa cachette et reprit son travail à la gloire de ceux qu’il avait combattus. Le malheureux homme fit plus : pour Baccio Valori, l’instrument des basses œuvres du pape, le meurtrier de son ami Battista della Palla, il consentit à sculpter l’Apollon tirant une flèche de son carquois.[3] Bientôt, il allait renier les bannis florentins.[4] Lamentable faiblesse d’un grand

  1. Lettre de Sébastien del Piombo à Michel-Ange. (29 avril 1531)
  2. Condivi. — Dès le 11 décembre 1530, la pension de Michel-Ange fui rétablie par le pape.
  3. Automne 1530. — La statue est au Museo Nazionale de Florence.
  4. En 1544.
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