Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/174

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tion nouvelle, se coula par une futaie de sycomores et finit par déboucher dans une grande clairière : c’était l’œuvre de la foudre, on apercevait encore des cendres de branches et de troncs d’arbres. Les Wah et les Oulhamr y pénétraient à peine, que Naoh discerna de nouveau, vers la droite, un corps bleuâtre pareil à celui qu’il avait aperçu parmi les feuilles du figuier. Successivement, deux autres formes se détachèrent dans la pénombre glauque. Des branches bruirent ; il surgit une créature souple et puissante. Personne n’aurait pu dire si elle était survenue à quatre pattes, comme les bêtes velues et les reptiles, ou à deux pattes, comme les oiseaux et les hommes. Elle semblait accroupie, les membres postérieurs à moitié allongés contre le sol, les membres avant en retrait, posés sur une grosse racine. La face était énorme, avec des mâchoires d’hyène, des yeux ronds, rapides et pleins de feu, le crâne long et bas, le torse profond comme celui d’un lion mais plus large : chacun des quatre membres se terminait par une main. Le poil, sombre, aux reflets fauves et bleus, couvrait tout le corps. C’est à la poitrine et aux épaules que Naoh reconnut un homme, car les quatre mains en faisaient une créature singulière, et la tête rappelait le buffle, l’ours et le chien. Après avoir tourné de toutes parts un regard méfiant et colère, l’Homme-au-Poil-Bleu se dressa sur ses jambes. Il poussa un grondement caverneux.

Alors, pêle-mêle, des êtres semblables jaillirent du couvert. Il y avait trois mâles, une douzaine de femelles, quelques petits qui se cachaient à demi parmi les racines et les herbes. Un des mâles était colossal : avec ses bras rugueux comme des platanes, sa poitrine deux fois vaste comme celle de Naoh, il pouvait renverser un aurochs et étouffer un tigre. Il ne portait aucune arme, et, parmi