Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/50

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Soudain, tout sembla perdu : un pan de paroi croulait. Le fouilleur, se sentant à la merci du minéral, baissa la tête et attendit… Un bloc le frôla ; il accepta la destinée ; mais le silence et l’immobilité se refirent.

Levant les yeux, il vit qu’une grande cavité, presque une caverne, s’était ouverte vers la gauche : dans la pénombre, une forme humaine était étendue. Le jeune homme enleva péniblement l’épave vivante et sortit des décombres, à l’instant où un nouvel éboulement rendait le boyau impraticable…

C’était une jeune femme ou une jeune fille, vêtue du maillot argentin des Terres-Rouges. Avant toute chose, la chevelure émut le sauveteur. Elle était de cette sorte lumineuse, que l’atavisme ramenait à peine une fois par siècle chez les filles des hommes. Éclatante comme les métaux précieux, fraîche comme l’eau jaillissant des sources profondes, elle semblait un tissu d’amour, un symbole de la grâce qui avait paré la femme à travers les âges.

Le cœur de Targ se gonfla, un tumulte héroïque emplissait son crâne ; il entrevit des actions magnanimes et glorieuses, qui ne s’accomplissaient plus jamais parmi les Derniers Hommes… Et, tandis qu’il admirait la fleur rouge des lèvres, la ligne délicate des joues et leur pulpe nacrée, deux yeux s’ouvrirent, qui avaient la couleur des matins,