Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/93

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Il poussa un gémissement. Les étoiles du pôle tournaient dans leur piste étroite ; les ferromagnétaux phosphoraient sur la plaine ; longtemps Targ et Arva rêvèrent, misérablement, auprès de la famille endormie.

Le lendemain, ils arrivèrent à l’Équatoriale des Dunes. Elle s’étendait au sein d’un désert formé jadis de sables, mais que les millénaires avaient durci. L’atterrissage glaça le cœur des arrivants : les cadavres de ceux qui, les derniers, s’étaient livrés à l’euthanasie, demeuraient là sans sépulture. Beaucoup d’Équatoriaux ayant préféré mourir sous le ciel libre, on les apercevait parmi les ruines, immobiles dans leur terrible sommeil. L’air sec, et infiniment pur, les avait momifiés. Ils eussent pu demeurer ainsi, pendant des temps interminables, témoins suprêmes de la fin des hommes…

Un spectacle plus menaçant détourna la tristesse des fugitifs : les ferromagnétaux pullulaient. On voyait de tous côtés leurs colonies violettes ; beaucoup étaient de grande taille.

— En marche ! fit Targ avec vivacité et inquiétude.

Il n’eut pas besoin d’insister. Arva et Érê, connaissant le péril, entraînèrent les petits, pendant que Targ étudiait le site. L’oasis n’avait subi que des remaniements négligeables. À peine si les ouragans avaient disloqué quelques demeures, renversé des planétaires ou des ondifères ; la plupart des