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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/132

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

Elle baissa la tête, confuse.

Je la pris doucement dans mes bras.

« Et pourtant je suis heureuse d’être une mère terrestre ! »

Pensive, elle demeura un moment silencieuse.

Je crois qu’elle nous aime beaucoup, reprit-elle à mi-voix… surtout toi…

— Elle ne parle jamais de toi qu’avec enthousiasme…

— Je le sais, et j’ai pour elle une affection singulière… une affection d’autre monde… Cela m’explique un peu peut-être, l’affection qu’elle a pour nous… Je ne sais comment l’idée m’est venue qu’elle a désiré un enfant parce que nous en attendions un… elle a une sorte d’amour pour toi… »

C’était si inattendu que j’en perdais le souffle. Une sourde inquiétude se mêlait à la surprise : il m’aurait été si pénible que Violaine fût jalouse…

« Tu as l’air abasourdi ! fit-elle… Ce serait pourtant naturel… Quel mal y aurait-il à cela ? C’est tellement différent de ce que serait l’amour d’une femme… et si délicieusement pur !… Si j’étais homme, je crois bien que je pourrais ressentir quelque chose comme ça pour elle…

— Oh ! Violaine…

— Eh ! oui, et je ne crois pas que cela m’empêcherait le moins du monde d’aimer une femme… Ce serait comme si j’aimais une fleur… une fleur prodigieuse… une fleur consciente… Je ne sais si tu peux comprendre…

— Mais oui… mais oui… », fis-je avec un