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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/92

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

« Vous êtes pour moi la suprême beauté de la vie », dis-je.

Sa tête charmante s’inclina vers mon épaule.

« Pourquoi êtes-vous tellement plus proche de ma vie que les autres ? demanda-t-elle. Même en fermant les yeux, je connais votre présence ; elle me pénètre, tandis que la leur devient aussi imperceptible qu’elle est invisible ! »

Tandis qu’elle parlait, j’avais fermé les yeux et je sus alors que, moi aussi, je n’avais pas besoin de la voir.

Il y avait donc bien entre nous une affinité fantastique, plus pénétrante que la plus énergique affinité entre deux créatures terrestres.

Je le dis à Grâce, qui répondit rayonnante :

« Qu’ai-je fait pour mériter cela ?

— Mais quand vous fermez les yeux, Grâce, percevez-vous la présence de vos semblables ?

— Non, répondit-elle.

— Cependant, quand vous aimez ? »

Une sorte de pâleur dorée se répandit sur son visage : je sus plus tard que c’était un signe de confusion comme la rougeur qui monte au visage des humains.

« Quand j’aime, oui. »

Une force irrésistible me poussa à demander :

« M’aimez-vous comme vous les aimez ?

— Comme eux et autrement. »

J’aurais pu lui dire la même chose. Je l’aimais ensemble d’un amour d’amant et d’un amour sans ressemblance avec un autre sentiment, comme