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2 LE VOL DE LA MARSEILLAISE.

En passant sur Strasbourg, elle désira naître.

Un chant de violon montait d’une fenêtre.

Dans sa chambre, en jouant, un jeune homme marchait. Triste, il laissait parfois retomber son archet, Comme un Ange attendant le souffle d’un Archange. Alors, dans cette rue humble « de la Mésange », Le Souffle entra. L’homme était pauvre. Il était pur. Il était fier. C’était un capitaine obscur Qui sortait d’une fête où des voix enflammées Avaient dit : « 11 faudrait un chant pour nos armées ! Qui le composera ? Rouget de l’Isle, toi ! » Et la chambre est pareille à celle, sous le toit, Où ce soir, Bonaparte, en rêvant, tu te couches ! Qui sont les artisans des chefs-d’œuvre farouches? La Pauvreté, toujours, et l’Orgueil ; ce sont eux!

— Un mauvais violon, un pupitre boiteux. Un habit d’officier jeté sur une chaise... « C'est de là qu’elle va partir, la Marseillaise !

« C’est vrai qu’il faut un chant, disait l’homme enivré.