Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/134

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Du flambeau de la vie on s’y prête l’usage.

Les prés et les forêts, les champs et les côteaux
À la jeune brebis livrent leurs végétaux ;
La brebis à nos corps fournit leur nourriture ;
D’un peuple dévorant nos corps sont la pâture ;
Et comme nous enfin ce peuple, qui périt,
À la terre rendu, de ses sucs la nourrit.

Aujourd’hui que les vents, à la bruyante haleine,
Ont d’un voile grisâtre enveloppé la plaine,
Et courbant, fracassant le front noirci des bois,
Vont laisser sans honneur le neuvième des mois,
Nos regards attristés contemplent ce ravage ;
Mélancoliquement, le long de ce rivage,
Nous foulons à regret ces feuillages séchés,
Par l’aquilon jaloux de leur tige arrachés.
Il changera pourtant ce tableau monotone,
Et le printems naîtra des débris de l’automne :
Oui, ces feuilles, n’aguère ornement des forêts,
Se transformant bien-tôt en fertiles engrais,
De leurs sucs immortels iront former encore
Le panache ondoyant, dont l’arbre se décore.