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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/15

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Que ce brillant essaim me plût ! à sa présence,
Je me crus introduit au palais de Byzance,
Dans ces rians jardins, où cent jeunes beautés,
À la fraicheur du soir, viennent de tous côtés
Caresser les desirs du maître de l’Asie.
Dirai-je qu’au milieu de sa cour réunie,
L’oeil fièrement ouvert, le monarque des bois
Suspendit quelque tems la faveur de son choix ?
À la plus jeune enfin son hommage s’adresse ;
Quand d’un fougueux rival la jalouse tendresse
Vient de sang altérée au combat l’appeller.
Je les vis à l’instant l’un sur l’autre voler,
L’un l’autre se couvrir de larges cicatrices ;
Cependant qu’auprès d’eux, tranquilles spectatrices,
Les biches attendoient silencieusement
De ce combat d’amour le fatal dénoûment.
Mais long-tems dans ce choc la victoire en balance
N’osa d’aucun rival couronner la vaillance.
Il m’en souvient encor : le sang de tous les deux
À gros bouillons fumans ruisseloit autour d’eux ;
Ses flots, même à travers l’épaisseur du feuillage,