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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/16

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Deux fois en jaillissant souillèrent mon visage.
Déja l’obscure nuit fuyoit, et le destin
Sur eux tenoit encor le succès incertain,
Lorsqu’épuisés de sang et de force et d’haleine,
Meurtriers l’un de l’autre, ils tombent sur la plaine,
Ils tombent : et leur voix, par un dernier effort
Poussant et prolongeant le soupir de la mort,
Attriste les échos dans leurs grottes plaintives,
Et disperse l’essaim des biches fugitives.
De mon asyle alors librement descendu,
Et penché sur le couple à mes piés étendu,
Je contemplai ce bois, dont la haute ramure
Faisoit de ces rivaux l’ornement et l’armure,
Cette taille élégante, et le vaste contour
De ce fanon pendant, qu’avoit gonflé l’amour.
Combien surtout, combien j’aurois voulu connoître
Quel pouvoir dans le cerf tous les ans fait renaître
Ces brûlantes fureurs, ces tourmens du desir,
Qui dévorant son corps, l’affament de plaisir !
Pour éclairer la nuit qui voile ce mystère,