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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/17

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Envain, dans la forêt rêveur et solitaire,
De l’immortel Buffon j’empruntai le flambeau ;
En vain Pline, à ma voix, sortit de son tombeau ;
L’Aristote de Rome et celui de la France
Ne pûrent m’arracher à ma triste ignorance.
Mon orgueil s’en plaignit ; mais enfin, par dégrés
La raison ramenant mes esprits égarés,
Me dit que l’homme encor n’avoit pu tout comprendre.
Eh ! Quel homme en effet, quel homme peut m’apprendre
Pourquoi dans ces déserts, chez les muses fameux,
Où Vaucluse en été roule à flots écumeux,
Pourquoi circule à peine une onde languissante,
Quand du septième mois la clarté renaissante
Des fleuves desséchés reverdit les roseaux,
Et rend à leurs bassins le luxe de leurs eaux ?
Ah ! Loin de m’égarer dans cette vaine étude,
Que ne puis-je aujourd’hui goûter ta solitude,
Ô Vaucluse ! ô séjour que j’ai tant desiré,
Et que les dieux jaloux ne m’ont jamais montré !
Sur les rochers pendans, dont la chaîne t’embrasse,