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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/203

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Sur leur front jeune encor, trois siècles révolus
N’ont pu du fer impie arrêter l’avarice :
D’epines aujourd’hui ta grotte se hérisse ;
Ton eau, jadis si pure, et qui de mille fleurs
Dans son cours sinueux nourrissoit les couleurs,
Ton eau se perd sans gloire au sein d’un marécage.
Fuyez ; tendres oiseaux, enfans de ce bocage ;
Fuyez : l’aspect hideux des ronces, des buissons
Flétriroit la gaîté de vos douces chansons.
Vous, bergers innocens ; vous, qui dans ces retraites
Cachiez les doux transports de vos ardeurs secrettes,
Oh ! Comme votre amour déplore ces beaux lieux !
De vos rivaux jaloux comment tromper les yeux ?
Et moi, qui mollement étendu sur la mousse
M’enyvrois quelquefois d’une extase si douce,
Hélas ! Je n’irai plus y cadencer des vers !
Il faudra que j’oublie et ces ombrages verds
Et la grotte, où du jour je bravois les outrages.
Qu’ai-je dit, insensé ? Quoi, je parle d’ombrages,
Et le démon du nord rugit autour de moi !
Profondément plongé dans un muet effroi,