Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/16

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Des Gauthier ? … à Dijon ?... j’en connais dix-sept, sans me compter.

Duchemin
Un fabricant de vinaigre.

Gauthier
Alors, présent… car il n’y a que moi de Gauthier dans la moutarde.

Duchemin, lui glissant une lettre.
Eh, bien ! jeune homme, prenez-moi ça, franc de port… mais faut pas dire ! c’est de la contrebande.

Gauthier, surpris et prenant la lettre.
Une lettre pour moi ?

Duchemin, en confidence.
De la cousine Désirée.

Gauthier, enchanté.
De ma cousine !

Duchemin
Et vous pouvez vous flatter qu’elle est de la première levée.

Gauthier, à lui-même.
Dieu ! elle m’écrit enfin. (À Jacolin.) Dites donc, Lyonnais, elle m’écrit, sommes-nous heureux !

Jacolin
Qu’est-ce que ça me fait, si je n’ai pas de place !... (à Duchemin) Dites donc, courrier de malheur, quand il vous plaira de me répondre…

Duchemin
Une minute donc, que je remette mes lettres au directeur de la poste.

(Gauthier est allé sous le réverbère de la cour et essaie de lire sa lettre, puis il suit un postillon qui tient une lanterne).

Duchemin, allant au fond.
Hé ! la poste aux lettres !...

Jacolin, suivant Duchemin.
Seulement une petite place… je me mettrais dans le filet.

Duchemin, ennuyé.
J’ai une place dans le cabriolet, là, êtes-vous content ?

Jacolin à Gauthier, qui cherche toujours à lire.
Dites donc, caporal, j’ai une place, sommes-nous heureux !

Gauthier, impatienté.
Laissez-moi donc lire ma lettre !

Jacolin, à lui-même.
O belle Duchemin ! tu vas donc revoir ton Jacolin !

Duchemin
Est-ce qu’ils n’en finiront pas donc dans le bureau de se frotter