Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/17

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les yeux ! S’ils ont le sommeil aussi dur que mon gros homme de l’intérieur… c’est celui-là qui dort !... Il a tapé de l’œil hier à Charenton, et depuis il est toujours dans le même état. C’est pas l’embarras, il fait bien de dormir ; quand il est éveillé, il ne dit que des bêtises… Ah, voilà enfin la poste de Dijon, le bonnet de coton sur l’oreille et la chandelle à la main. (Une fenêtre s’entrouve dans le fond et il paraît un homme en robe de chambre, bonnet de coton et une chandelle à la main ; Duchemin monte dans la malle, remet plusieurs paquets ficelés au directeur de la poste, puis il disparaît.)

Gauthier, revenant avec une lanterne.
Ah ! je tiens la première syllabe.

Jacolin, prenant la lanterne.
Voulez-vous que je vous fasse lumière ?

Une voix, dans le fond
Caporal, hors la garde, venez reconnaître patrouille !

Gautier
Je n’ai pas le temps ; qu’elle repasse.



Scène IV

Jacolin, Gauthier, sur le devant de la scène ; dans le fond, les autres personnages vont et viennent ; on change les chevaux.

Gauthier, lisant.
« Mon petit cousin, je pense à vous plus souvent que vous ne le croyez… »

Jacolin
Oh ! je crois bien.

Gauthier, continuant
« Je n’ai pas de conseils à vous donner, mais je vous engage à venir. Si vous étiez à Paris, je ne sais pas ce que je ferais… » (parlant.) Eh, mais, c’est positif ça, elle ne sait pas ce qu’elle ferait !

Jacolin, tenant toujours la lanterne
Ça veut bien dire que sa résolution est prise.

Gauthier
Et la mienne aussi ; demain, je descends la garde et je monte en diligence. (On entend dans la malle, un bâillement prolongé de M. Prudhomme.) Ah ! mon Dieu, qu’est-ce que c’est que çà ?

Jacolin
C’est quelque voyageur oublié dans la malle… Allons, je vas reprendre mon petit paquet à l’auberge : bonne chance, Dijonnais !

Gauthier
Et moi, je vais reconnaître ma patrouille ; adieu, Lyonnais ! (Ils sortent tous les deux).