Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/82

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Non !…à mes pins aimés, à mes bayous sans nom,
A Bonfouca me lie un éternel chaînon !
C’est là qu’est le bonheur, là que la vie est douce,
Sous nos beaux chênes verts vêtus de blanche mousse,
Là, jetant aux vains bruits du monde un long adieu,
L’homme dans le désert se rapproche de Dieu !
Ami, c’est au désert où l’instinct me rappelle,
C’est là que je voudrais vivre seul avec elle !
C’est là que je voudrais, loin de tout pas humain,
Bâtir un ajoupa, pour nous deux, de ma main,
Et, sans craindre jamais qu’elle me soit ravie,
Epuiser dans ses bras ma jeunesse et ma vie !

Sur ma tombe, où m’attend l’oubli de tous les maux,
Que l’arbre du désert incline ses rameaux !
Que le plaintif poor-will, la nuit, y fasse entendre
Le monotone écho de son chant triste et tendre
Que, sur ce tertre nu, sans funéraire croix,
Le chasseur indien se repose parfois,
Et, sans respect aucun pour ma cendre qu’il foule
Sommeille, insoucieux de l’heure qui s’écoule !






15 mai 1838.