Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/84

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Nonchalamment couché dans l’agile gondole,
Entendre un chant lointain qui berce et qui console,
Un chant de gondolier, une voix du midi,
Qui meurt et qui renaît sur le flot attiédi !
Je souffre ; il me faudrait, pendant toute une année,
Tes brises, tes parfums, ô Méditerranée !
Le colon pèlerin va reprendre son vol.
Poëte, visitons le poétique sol !
Oh ! partons ! Je veux voir la ville aux sept collines.
Rome, cité du cœur, des âmes orphelines ;
Je veux fouler du pied, toucher avec la main
Les fragmens abattus d’un chapiteau romain ;
Je veux voir, à travers les murs du Colysée,
Du soleil qui s’éteint, la lumière brisée ;
Sur des débris croulans, pensif, je veux m’asseoir,
A l’heure du repos, du silence, le soir ;
Je veux, fils vagabond des forêts du grand fleuve,
Pleurer, sur son tombeau, la métropole veuve,
Et demander à Dieu, dans le calme des nuits,
L’oubli des maux passés et de mes longs ennuis !

Puis, labourant les flots de mon dernier sillage,
Ami, je reviendrai de ce lointain voyage.
Dans sa vierge forêt, le nomade indien,
Bruni par le soleil du ciel italien,