Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/85

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Suivant, à pas pressés, le sentier de l’enceinte,
Secoûra de ses pieds une poussière sainte.
Au seuil de ta maison, le cœur tout en émoi,
Il crîra haletant : « Ouvrez, ouvrez ! c’est moi ! »
Et vous écouterez, d’une oreille ravie,
Le pèlerin contant sa poétique vie,
Ces jours où, voyageur, libre de tout lien,
Il cheminait, foulant le sol italien,
Et, le cœur renaissant à la belle espérance,
Visitant tour à Naples, Pise, Florence,
Loin des calmes bayous et des pins toujours verts,
Heureux, il s’enivrait d’amour et de beaux vers.
Oh ! laissez-moi partir ! Qu’on parle, que m’importe ?
Un invisible bras me soulève et m’emporte.
Ami, j’éprouve encor l’impérieux besoin
De voir de nouveaux cieux, de m’égarer au loin !…

Après de longs efforts, on espérait, peut-être,
Dans un moule nouveau repétrir tout mon être !
D’une main sacrilège, on essaîrait en vain
D’effacer de mon front le sceau du doigt divin,
D’extirper de mon cœur la poétique fibre !
Le poëte rugit, s’indigne s’il n’est libre.
Au jour inattendu de la rébellion,