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268 LA POÉSIE BRETONNE AU XIXe SIECLE

A cette modestie on reconnaît le compagnon d’Ozanam et l’ami des pauvres.

Son poème la Rose de Saint-Jacques est l’histoire d’un moine breton, Guenaël, qui, pendant la Terreur, ne voulut pas quitter la presqu’île de Rhuys et se consolait de ses souffrances de proscrit en contemplant dans la vieille chapelle de Saint-Jacques l’éblouissante rosace d’un vitrail gothique :

Exprimant des élus la vision ardente, La rose était semblable à la rose du Dante... Là sur un fond d’azur les élus figurés Brillaient de tout l’éclat des corps transfigurés. On voyait Madeleine, avec toute son âme, Verser sur le Sauveur le parfum du cinname...

Devant cette verrière, qui étincelaient

La pourpre du rubis et l'eau du diamant,

Guenaël restait en extase et le peuple croyait qu’il y retrouvait l’image de quelque femme, aimée par lui dans sa jeunesse. Il mourut à l’autel, de saisissement, le jour où, l’antique chapelle ayant été rendue au culte, son clocher, ébranlé parle mouvement joyeux des cloches, s’écroula sur elle et brisa la rose merveilleuse.