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LES POÈTES BRETONS FRANÇAIS 269

Le début du poème le Reliquaire présente une scène historique pittoresque :

Je contemplais, un jour, un de ces ossuaires
Que nos pieux Bretons appellent reliquaires...
Sous des volubilis là gisaient, enlacés,
Deux squelettes d’enfants se tenant enbrassés ;
On eût dit que la mort, sous cette froide pierre,
A l’heure du sommeil avait clos leur paupière.
Sur cet aspect étrange interrogeant, surpris,
Les gens de Muzillac, voici ce que j’appris :
En attendant les Bleus pour leur livrer bataille,
Préparant leurs pen-bas pour vaincre la mitraille.
Les chouans étaient campés dans un landier voisin.
Aux lueurs du bivouac, dans le fond du ravin.
L’on voyait circuler, sous leurs mâles allures,
De vieux Bretons, la race aux longues chevelures.
Là, des hommes d’Elven, autour d’un tertre vert,
Priaient agenouillés et le front découvert ;
Se riant des combats comme de la tempête,
Les marins de Rhuys, avec un air de fête,
Dansaient, et du biniou faisaient vibrer les sons.
Mêlant de cris joyeux leurs joyeuses chansons.
Sous des chefs paysans, des soldats gentilshommes
Étaient là pour montrer qu’au pays où nous sommes,
Où les cœurs sont égaux, règne l’égalité...

Parmi ces chouans se trouvaient des écoliers, et c’étaient les squelettes de deux d’entre eux, tués dans le combat, que voyait le poète.