Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/80

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bons & leurs liaisons sont bien plus durables, parce qu’ils ne peuvent les rompre impunément, que de la durée de ces liaisons dépend le secret de leurs trames, l’impunité de le leurs crimes, & qu’ils ont le plus grand intérêt à se ménager toujours réciproquement. Au lieu que les bons, unis seulement par des affections libres qui peuvent changer sans conséquence, rompent & se séparent sans crainte & sans risque des qu’ils cessent de se convenir. Cet homme, tel que vous me l’avez décrit, intrigant, actif, dangereux, doit être le foyer des complots de tous les scélérats. Sa liberté son impunité dont vous faites un si grand mérite aux gens de bien qui le ménagent, est un très-grand malheur public : ils sont responsables de tous les maux qui peuvent en arriver, & qui même en arrivent journellement selon vos propres récits. Est-il donc louable à des hommes justes de favoriser ainsi les mechans aux dépens des bons ?

Le François.

Votre objection pourroit avoir de la forcé s’il s’agissoit ici d’un méchant d’une cathégorie ordinaire. Mais songez toujours qu’il s’agit d’un monstre l’horreur du genre-humain, auquel personne au monde ne peut se fier en aucune sorte, & qui n’est pas même capable du pacte que les scélérats sont entre eux. C’est sous cet aspect qu’également connu de tous il ne peut être à craindre à qui que ce soit par ses trames. Détesté des bons pour ses œuvres, il l’est encore plus des mechans pour ses livres : par un juste châtiment de sa damnable hypocrisie, les fripons qu’il démasque pour se masquer ont tous