Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/81

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pour lui la plus invincible antipathie. S’ils cherchent à l’approcher, c’est seulement pour le surprendre & le trahir ; mais comptez qu’aucun d’eux ne tentera jamais de l’associer à quelque mauvaise entreprise.

Rousseau.

C’est en effet un méchant d’une espece bien particuliere que celui qui se rend encore plus odieux aux mechans qu’aux bons, & à qui personne au monde n’oseroit proposer une injustice.

Le François.

Oui, sans doute, d’une espece particuliere, & si particuliere que la nature n’en a jamais produit & j’espere n’en reproduira plus un semblable. Ne croyez pourtant pas qu’on le repose avec une aveugle confiance sûr cette horreur universelle. Elle est un des principaux moyens employés par les sages qui l’ont excitée, pour l’empêcher d’abuser par des pratiques pernicieuses de la liberté qu’on vouloit lui laisser, mais elle n’est pas le seul. Ils ont pris des précautions non moins efficaces en le surveillant à tel point qu’il ne puisse dire un mot qui ne soit écrit, ni faire un pas qui ne soit marque, ni former un projet qu’on ne pénétré à l’instant qu’il est conçu. Ils ont fait en sorte que, libre en apparence au milieu des hommes, il n’eût avec eux aucune société réelle, qu’il vécût seul dans la foule, qu’il ne sut rien de ce qui se fait, rien de ce qui se dit autour de lui, rien sûr-tout de ce qui le regarde & l’intéresse le plus, qu’il se sentit par-tout charge de chaînes dont il ne pût ni montrer ni soir le moindre vestige. Ils ont élevé