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Le poète se complaît dans la description de ce palais qui renfermait une salle particulièrement merveilleuse dont la construction coûta environ quatorze mois de travail à Maya[1]. En réalité, cette salle était tout le palais. Peut-être même faut-il entendre par le mot sabhâ moins un palais que tout un assemblage de palais plus fantastiques les uns que les autres.

Le jour où il inaugura cette merveille architecturale, Yudhiṣṭhira réunit dix mille Brahmanes auxquels il fit d’abondantes distributions de riz, de lait, de beurre, de miel, de fruits, de racines, de chair de sangliers et d’antilopes[2]. Du reste, la première chose qu’il fit en franchissant le seuil de sa nouvelle demeure, ce fut de rendre ses hommages aux divinités[3].

Le poète décrit, dans ses moindres particularités, cette cérémonie de l’inauguration à laquelle assistèrent de nombreux rois, sans parler d’une infinité d’autres personnages de marque, pris dans les rangs les plus élevés de la société. Une foule de Gandharvas et d’Apsaras descendirent du ciel tout exprès pour assister à la cérémonie dont, sans nul doute, ils ne constituèrent pas le moindre ornement par leurs chants, et leurs danses[4].

C’est ainsi que la religion présidait à tous les événements importants de l’existence des vieux Hindous ; on peut même dire qu’elle inspirait tous leurs actes, aussi bien ceux des particuliers que ceux des princes. Aujourd’hui encore, elle a incontestablement la plus grande part dans la vie de ce peuple essentiellement pieux, s’il est

  1. Id. 37.
  2. IV, 2.
  3. Id. 6.
  4. Id. 37 et seq.