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est percé de plusieurs trous, elle passe au travers de l’âge de la charrue percée également pour cet usage ; on la retient à l’âge avec un clou passé dans l’un de ses trous, ou avec des coins de bois qu’on ôte aisément quand on veut.

Cette charrue, qui renverse la terre des deux côtés, a deux épaules de bois, façonnées exprès par un ouvrier en forme de planches, envoilées des deux côtés en dehors, par le haut, pour mieux renverser la terre : ces planches ou épaules, qu’on pourroit appeler des versoirs, sont plus ou moins épaisses, longues & hautes, selon la force de la charrue, qui est toujours proportionnée à la qualité du terrein pour lequel on l’emploie. Le manche de cette charrue, & son âge ou sa flèche, qui porte sur des roues dont l’essieu est en fer, & qui est emboîté dans une traverse de bois creusée pour cet effet, sont dans les mêmes proportions que celles qui sont propres aux charrues à versoir. La flèche est posée sur des encochures, ou entre de grosses chevilles de bois, placées sur la traverse qui emboîte l’essieu, afin de la faire aller ou à droite ou à gauche, selon qu’il est nécessaire pour l’espèce de culture qu’on donne à une terre, sur-tout si elle est bordée de plantes qu’on veut ménager : elle est attachée à l’avant-train par un grand anneau de fer dans lequel elle passe, & qui est au bout d’une grosse & courte chaîne de fer qu’on attache à l’avant-train. La flèche a plusieurs trous, dans lesquels on passe une forte cheville de fer qu’on appelle jauge, pour l’assujettir avec l’anneau, & lui donner plus ou moins de jeu & d’aisance, selon qu’il est nécessaire, c’est-à-dire, pour l’avancer ou la reculer sur l’avant-train, afin de faire piquer le soc plus ou moins, & de la quantité qu’on désire.

Enfin, cette charrue à double oreille, est construite & montée comme les charrues à versoir, aux différences près qu’on vient de faire remarquer, qui consistent dans le soc à double oreille, & dans les épaules de bois en forme de versoir, dont elles tiennent lieu.

Dans l’Anjou, où la charrue à double oreille est d’un fréquent usage, on ne l’emploie que pour ensemencer les terres ; tous les autres labours qui précèdent sont faits, ou avec la charrue à versoir, ou avec celle qu’on nomme tourne-oreille : lorsque la terre a été bien préparée par plusieurs labours, on étend les engrais sur toute la surface, ensuite on jette la semence, qu’on enterre d’abord avec la charrue à double oreille, qui n’est employée que dans cette circonstance.

Section IV.

De la Charrue Champenoise.

Cette charrue, qui est une des meilleures dont l’agriculture fasse usage, & une des plus parfaites que nous connoissions pour le labour des terres fortes, est composée d’un avant-train beaucoup plus simple que celui des charrues ordinaires à versoir, & d’un arrière-train à peu près semblable au leur, & presque disposé de la même façon.

L’arrière-train, représenté par la Figure 14 de la Pl. 3, consiste dans un soc A, dont le côté gauche est en ligne droite avec le sep, parce que le versoir étant fixé à la droite,